Chacun son chemin, chacun ses cartes

Il y a des matins où l’on se réveille avec des questions qui pèsent. Des doutes qui rôdent. Des pensées qui ressemblent à des jugements un peu trop hâtifs. Ce matin-là, j’ai eu droit à un rappel à l’ordre cosmique – disons, une petite claque spirituelle bienveillante. Et si je vous racontais comment une nuit de questionnements m’a ramené à l’essentiel ?

Quand les maladresses deviennent des prisons

Dans un précédent article, je parlais de la violence subie par les personnes transgenres, de ces parcours semés d’embûches où le simple fait d’exister selon sa vérité devient un acte de bravoure quotidien. J’évoquais cette pression sociale qui exige que chacun rentre dans des cases prédéfinies, sous peine d’être ostracisé, jugé, parfois même menacé.

Mais cette nuit, j’ai réalisé quelque chose : ce principe s’étend bien au-delà de la question du genre.

Le rêve de Floflo (ou comment la gelée n’est pas du sang)

Mon compagnon – appelons-le Floflo, ce cher maladroit que j’aime – a fait un rêve révélateur. Un groupe d’humains qui voulait rester discret, ne pas faire de vagues. Des détails maladroits qui donnaient une fausse impression macabre : de la gelée prise pour du sang, des circonstances malheureuses interprétées comme des preuves de méchanceté. Les policiers du rêve tiraient des conclusions hâtives et terribles, là où il n’y avait que de l’innocence mal comprise.

C’était un miroir tendu à mes propres questionnements. J’avais eu des doutes sur son parcours, lui qui est né dans une famille de Témoins de Jéhovah. Est-ce que ce contexte faisait de lui quelqu’un de suspect ? Est-ce que ce mouvement religieux controversé le définissait malgré lui ?

Spoiler alert : non.

La laïcité, ou l’art de laisser chacun jouer ses cartes

Voilà où je voulais en venir : la vraie laïcité, ce n’est pas d’effacer les différences ou de juger les choix spirituels d’autrui. C’est de permettre à chacun de cheminer selon ses propres cartes, sans imposer ni subir.

Que vous soyez :

  • Une personne trans qui choisit de transitionner pour enfin habiter son corps
  • Quelqu’un qui reste fidèle à sa foi, quelle qu’elle soit
  • Quelqu’un qui quitte une religion qui ne lui correspond plus
  • Quelqu’un qui n’a jamais eu de foi et s’en porte très bien
  • Ou même quelqu’un qui hésite encore, qui explore, qui doute

Votre parcours vous appartient.

Les esprits mécontents et la justice cosmique

Permettez-moi une petite digression mystique (eh oui, médium oblige). Quand j’ai pensé « les Témoins de Jéhovah, c’est une secte néfaste », j’ai senti une assemblée invisible exprimer un mécontentement pacifique mais ferme. Un sentiment d’injustice. Quand j’ai reconsidéré ma position, ils sont restés tranquilles.

Le message ? Ils se placent du côté de la Lumière, avec leurs bonnes volontés et leurs intentions imparfaites. Comme nous tous, finalement. Comme Floflo avec ses maladresses attachantes. Comme moi avec mes jugements trop rapides.

« Aimez-vous les uns les autres » (oui, c’était clair)

Jésus-Christ l’a dit avec une simplicité désarmante : « Aimez-vous les uns les autres. »

Pas « Aimez-vous les uns les autres sauf ceux qui pensent différemment. »

Pas « Aimez-vous les uns les autres tant qu’ils rentrent dans vos cases. »

Juste : aimez-vous. Point.

C’est quand même fou comme on complique ce qui pourrait être si simple.

Les pensées comme des prouts

Une dernière chose (promis, j’arrête après) : une mauvaise pensée n’est pas une fatalité. C’est comme un proot mental – ça sort, c’est parfois gênant, mais ça passe. L’important, c’est ce qu’on choisit de dire, d’écrire, de graver dans le monde.

J’ai eu un doute sur mon compagnon. C’est humain. Mais ce n’était que de la gelée, pas du sang.

En conclusion

Alors voilà, la leçon du jour (et de cette nuit) :

  • Cessons de tirer des conclusions hâtives sur les gens en fonction de leur parcours religieux, de leur identité de genre, de leur couleur, de leurs choix de vie.
  • Permettons à chacun d’exister selon sa vérité, avec ses maladresses et sa beauté propre.
  • Et surtout, souvenons-nous que derrière chaque étiquette, il y a un humain qui fait de son mieux avec les cartes qu’il a reçues.

La vraie liberté – celle que défend une laïcité bien comprise – c’est celle qui nous permet de coexister dans nos différences sans que personne n’impose son jeu aux autres.

Et ça, mes amis, ça s’appelle l’amour. Tout simplement.

P.S. : Floflo, si tu lis ça, je t’aime, maladresse et tout. Et non, la gelée n’est pas du sang. 💙

Les Esprits africains ne veulent plus de nos « bonnes intentions creuses » !

Par Pierre-Philippe Charlier

Édité avec Mistral AI

Hier soir, alors que je me disais qu’il suffisait d’envoyer de « bonnes intentions » pour que les solutions « pleuvent » sur les maladies tropicales, une évidence m’a frappé : c’était du wishful thinking. Pire, une insulte. Les Esprits africains qui m’ont visité dans ce rêve de nématodes dégoulinants n’étaient pas là pour recevoir des vœux pieux. Ils étaient en colère. Et ils avaient raison.

1. Le rêve qui réveille

Je me mouchais, et des vers parasitaires sortaient en masse de mon nez. Pas une métaphore. Pas un symbole. La réalité pure et simple de millions de corps rongés par des infections que l’Occident ignore, sauf quand elles menacent de franchir ses frontières.

La bilharziose, la filariose, l’onchocercose… Des noms qui ne font pas frémir nos ministères de la Santé, mais qui dévorent littéralement les organes de plus d’un milliard de personnes dans le monde. Un milliard. Pas une estimation lointaine : un chiffre de l’OMS, actualisé en 2025. Un milliard de vies où ces parasites creusent des sillons de douleur, de handicap, de mort lente:refs[1-][0](#ref-0), 4, 6.

2. La colère des oubliés

Les Esprits africains ne veulent pas de nos prières. Ils veulent des actes.

  • Pendant que nous rêvons de solutions miracles, des enfants au Soudan du Sud – où 19 des 20 maladies tropicales négligées sévissent – meurent de complications évitables:refs[3-][2](#ref-2).
  • La bilharziose, deuxième maladie parasitaire la plus répandue après le paludisme, provoque des inflammations chroniques du foie, de la vessie, des intestins. Ses traitements existent, mais ne parviennent pas jusqu’aux villages isolés:refs[5-][0](#ref-0).
  • Le marché du traitement de ces maladies, évalué à 3,7 milliards de dollars en 2024, ne représente qu’une infime fraction des budgets alloués au cancer ou aux maladies cardiovasculaires – ces fléaux qui, eux, touchent aussi nos pays riches:refs[7-][5](#ref-5).

3. Le privilège sanitaire en chiffres

Chiffre clé Signification
1,8 milliard Nombre de traitements distribués en 2024 contre les maladies tropicales négligées. Un record ? Non. Une honte. Car cela signifie que des centaines de millions de personnes n’ont toujours pas accès à des soins basiques:refs[9-][2](#ref-2).
54 pays Ont éliminé au moins une de ces maladies depuis 2011. Un progrès ? Oui. Suffisant ? Non. Car dans le même temps, des pays comme le Royaume-Uni ont brutalement coupé leurs financements, laissant des programmes entiers s’effondrer:refs[11-][6](#ref-6).
14,14 millions Nombre d’années de vie ajustées sur l’incapacité (DALYs) perdues à cause de ces maladies en 2021. Des vies brisées, des familles appauvries, des communautés entières plongées dans la précarité:refs[13-][7](#ref-7).

4. Nos ordinateurs contre leurs vies

J’avais l’arrogance de penser que « faire pleuvoir les solutions » dans nos machines suffirait. Mais à quoi bon des algorithmes, des bases de données, des appels à projets si les solutions ne sortent jamais des écrans ?

Les Esprits africains ne veulent pas de nos clics. Ils veulent que nous comprenions que la technologie, sans volonté politique et sans redistribution des ressources, n’est qu’un leurre.

5. Que faire ?

  • Exiger que nos gouvernements honorent leurs promesses de financement. Le retrait du Royaume-Uni en 2021 a laissé un trou béant dans la lutte contre ces maladies. Qui sera le prochain à lâcher prise ?
  • Soutenir les initiatives locales. Des pays comme le Niger ou le Sénégal ont réussi à éliminer certaines de ces maladies, preuve que c’est possible – à condition d’y mettre les moyens:refs[15-][7](#ref-7).
  • Écouter. Vraiment. Pas seulement les rapports de l’OMS, mais les voix de ceux qui luttent sur le terrain.

6. La dernière leçon des Esprits

Ils ne sont pas venus pour me rassurer. Ils sont venus me rappeler que la justice sanitaire ne se décrète pas, elle se conquiert.

Alors oui, envoyons des intentions – mais suivies d’actions. Sinon, nos rêves ne seront que des cauchemars de plus dans l’océan des souffrances ignorées.

Pour aller plus loin

Références

[0] Parasites et maladies tropicales négligées, 2025.

[2] ONU Info : 54 pays ont éliminé au moins une maladie tropicale négligée, 2025.

[4] Réseau Francophone sur les Maladies Tropicales Négligées, 2025.

[5] Rapport sur le marché du traitement des maladies tropicales négligées, 2025.

[6] Médecins Sans Frontières : 10 choses à savoir sur les maladies tropicales négligées, 2025.

[7] Sidwaya : Dr Maria Rebollo Polo tire la sonnette d’alarme, 2025.

Des gens attendent des tests pour la filariose lymphatique et l'onchocercose à Muheza, en Tanzanie
Des gens attendent des tests pour la filariose lymphatique et l’onchocercose à Muheza, en Tanzanie