Myriade de chemins sous le même Ciel

Je perçois des présences. Je ne sais pas encore si elles témoignent d’un Dieu, d’une conscience qui enveloppe l’univers comme l’aura enveloppe un corps, ou simplement d’une vastitude que je ne comprends pas.

Et pourtant — je sais comment vivre. Je sais que je ne vaux pas plus que toi. Je sais que l’amour est sacré. Je sais que ma tribu me porte et que je lui dois fidélité.

Comment est-ce possible ? Comment puis-je être certain de l’éthique sans être certain de la métaphysique ?

Parce que sous le même Ciel, par mille chemins différents, nous arrivons aux mêmes carrefours.

I. L’Humble Place de l’Homme

Pour le croyant

Si Dieu seul est souverain, alors aucun homme ne l’est sur un autre. La couronne la plus haute reste infiniment en-dessous du divin. L’orgueil des puissants n’est qu’oubli de leur petitesse.

Pour l’athée

La Nature n’a cure de nos titres. Devant l’immensité du cosmos, devant le temps qui nous efface tous, quelle hiérarchie humaine tient encore ? Nous sommes poussières égales dans l’indifférence grandiose de l’univers.

Le carrefour : Nul n’est au-dessus. L’égalité fondamentale n’a pas besoin des mêmes racines pour fleurir.

II. Le Souffle Sacré

Pour le croyant

La vie est don. Souffle divin déposé dans l’argile. La détruire, c’est profaner l’œuvre du Créateur. La protéger, c’est honorer Celui qui l’a voulue.

Pour l’athée

La vie est accident miraculeux. Probabilité infime devenue chair et conscience. Sa rareté même — dans l’immensité froide du cosmos — la rend précieuse au-delà de tout calcul.

Le carrefour : Que la vie vienne d’une main divine ou du hasard vertigineux, elle mérite révérence. Sacrée par son origine ou par sa rareté — sacrée.

III. La Balance Intérieure

Pour le croyant

Dieu voit. Nul acte n’échappe à Son regard. La responsabilité s’inscrit dans l’éternité : ce que je fais ici résonne là-bas, devant le Trône.

Pour l’athée

Ma conscience voit. Et l’humanité, témoin collectif, garde mémoire. Je réponds de mes actes devant ceux qui vivent avec moi, et devant celui que je serai demain quand je me regarderai en face.

Le carrefour : Que le juge soit divin ou intérieur, la responsabilité demeure. Nul n’échappe à la balance — celle du Ciel ou celle du miroir.

IV. Le Visage de l’Autre

Pour le croyant

Chaque être porte l’image de Dieu. Blesser l’autre, c’est griffer le visage du Créateur dans sa créature. Aimer l’autre, c’est aimer Dieu en lui.

Pour l’athée

Chaque être est un univers. Une conscience unique, irremplaçable, aussi vaste de l’intérieur que le cosmos l’est au dehors. Détruire une personne, c’est éteindre une galaxie.

Le carrefour : L’autre est sacré. Par le divin qu’il porte ou par l’unicité qu’il incarne — il mérite mon respect absolu.

V. L’Amour comme Évidence

Pour le croyant

Dieu est amour, disent les Écritures. L’amour entre les êtres est donc participation au divin, reflet terrestre de la Source. Aimer, c’est prier sans le savoir.

Pour l’athée

L’amour transcende l’ego. Il est cette force étrange qui nous fait placer l’autre avant nous, sans calcul. Mystère biologique peut-être, mais mystère qui nous élève au-delà de la survie brute.

Le carrefour : L’amour — qu’il vienne d’En-Haut ou d’en-dedans — dépasse ce que nous sommes seuls. Il est sacré par son pouvoir de nous rendre plus grands.

VI. Le Cercle Protecteur

Pour le croyant

La famille, la tribu, la communauté sont écoles d’amour voulues par Dieu. Cellules où l’on apprend le don de soi avant de l’offrir au monde.

Pour l’athée

La famille, la tribu, la communauté sont stratégies de survie devenues tendresse. Ce qui n’était qu’entraide face au chaos est devenu amour véritable, solidarité choisie autant qu’héritée.

Le carrefour : Le cercle qui nous entoure — qu’il soit don divin ou construction humaine — est refuge sacré. Face aux aléas de l’existence, nous avons besoin des nôtres. Et cette vérité n’a pas besoin d’un même Dieu pour être partagée.

Je ne te demande pas de croire ce que je crois.

Je ne te demande pas de comprendre mon chemin.

Je te demande seulement de voir que ton chemin et le mien, sous des ciels que nous nommons différemment, mènent aux mêmes évidences :

Que nul n’est roi.

Que la vie est sacrée.

Que nous répondons de nos actes.

Que l’autre est un mystère à respecter.

Que l’amour nous dépasse.

Que la tribu nous porte.

Et que cela suffit — amplement — pour vivre ensemble.

Et parfois, la nuit, quand le ciel nous fait encore la grâce de son spectacle — croyants et incroyants lèvent les mêmes yeux vers les mêmes étoiles et pensent aux mêmes absents. Ce geste-là n’a pas de doctrine. Il est juste humain.

Et si l’oubli n’était qu’illusion ? Si, de l’autre côté du miroir, ils nous voyaient lever les yeux ?

Bienvenue dans mon cheminement

Je m’appelle Pierre-Philippe, et je vis avec l’invisible.

Ce n’est pas une métaphore. Je perçois des présences. Des assemblées, comme je les appelle parfois. Des énergies, des intentions, des accompagnements qui ne se voient pas mais qui se ressentent. C’est ma réalité depuis longtemps — et pendant longtemps, je n’ai pas su quoi en faire.

Un chemin qui n’a pas toujours été clair

Je ne suis pas arrivé serein à cette perception. Il y a eu des années de peur. De paranoïa, même. Des périodes où chaque signe me semblait une menace, où l’invisible était pour moi synonyme de danger, de jugement, de forces obscures qui m’en voulaient.

J’ai projeté mes propres ténèbres sur ce que je percevais. Et cette peur a coloré ma vision de tout — pas seulement du spirituel, mais du monde entier.

Aujourd’hui, je vois les choses différemment. Non pas parce que j’ai “tout compris” — loin de là. Mais parce que l’expérience m’a appris, doucement, que l’invisible peut être affectueux. Que ces présences aspirent à la justice pour tous plutôt qu’à la punition de quelques-uns. Que dans mes moments les plus sombres, j’ai été accompagné plutôt que condamné.

Ce que j’écris ici

Ce blog est un espace où je partage ce cheminement. Pas pour convaincre qui que ce soit de croire ce que je crois — chacun son chemin, chacun ses cartes. Mais pour témoigner honnêtement de mon expérience, et peut-être toucher quelqu’un qui traverse des questionnements similaires.

J’écris sur la spiritualité, oui. Mais aussi sur ce qu’elle m’enseigne d’universel : la tolérance, l’amour sous toutes ses formes, le refus des jugements hâtifs, l’acceptation de soi et des autres.

Mon ton est humaniste. Universaliste. Parfois poétique, souvent pédagogique — parce que lire, c’est apprendre, et écrire, c’est clarifier sa propre pensée.

Pour commencer

Voici quelques articles qui reflètent ce parcours (il y en a d’autres) :

Chacun son chemin, chacun ses cartes

Sur la liberté de cheminer selon sa propre vérité — que ce soit dans sa foi, son identité, ou sa manière d’être au monde. Un plaidoyer pour la tolérance authentique.

L’Invisible n’est pas ce que j’ai cru

Le cœur de mon témoignage : comment je suis passé de la paranoïa spirituelle à la reconnaissance de présences bienveillantes. Et pourquoi l’invisible, tel que je le perçois aujourd’hui, aspire à plus de justice et de douceur que je ne l’imaginais dans mes peurs.

Deviens ce que tu es

Sur les amalgames, les jugements, et cette manie qu’on a de critiquer les autres — et nous-mêmes — pour les mauvaises raisons. Une invitation à voir les preuves d’amour plutôt que nos soi-disant défauts.


“Aimez-vous les uns les autres.”

C’était quand même clair, non ?

Chacun son chemin, chacun ses cartes

Il y a des matins où l’on se réveille avec des questions qui pèsent. Des doutes qui rôdent. Des pensées qui ressemblent à des jugements un peu trop hâtifs. Ce matin-là, j’ai eu droit à un rappel à l’ordre cosmique – disons, une petite claque spirituelle bienveillante. Et si je vous racontais comment une nuit de questionnements m’a ramené à l’essentiel ?

Quand les maladresses deviennent des prisons

Dans un précédent article, je parlais de la violence subie par les personnes transgenres, de ces parcours semés d’embûches où le simple fait d’exister selon sa vérité devient un acte de bravoure quotidien. J’évoquais cette pression sociale qui exige que chacun rentre dans des cases prédéfinies, sous peine d’être ostracisé, jugé, parfois même menacé.

Mais cette nuit, j’ai réalisé quelque chose : ce principe s’étend bien au-delà de la question du genre.

Le rêve de Floflo (ou comment la gelée n’est pas du sang)

Mon compagnon – appelons-le Floflo, ce cher maladroit que j’aime – a fait un rêve révélateur. Un groupe d’humains qui voulait rester discret, ne pas faire de vagues. Des détails maladroits qui donnaient une fausse impression macabre : de la gelée prise pour du sang, des circonstances malheureuses interprétées comme des preuves de méchanceté. Les policiers du rêve tiraient des conclusions hâtives et terribles, là où il n’y avait que de l’innocence mal comprise.

C’était un miroir tendu à mes propres questionnements. J’avais eu des doutes sur son parcours, lui qui est né dans une famille de Témoins de Jéhovah. Est-ce que ce contexte faisait de lui quelqu’un de suspect ? Est-ce que ce mouvement religieux controversé le définissait malgré lui ?

Spoiler alert : non.

La laïcité, ou l’art de laisser chacun jouer ses cartes

Voilà où je voulais en venir : la vraie laïcité, ce n’est pas d’effacer les différences ou de juger les choix spirituels d’autrui. C’est de permettre à chacun de cheminer selon ses propres cartes, sans imposer ni subir.

Que vous soyez :

  • Une personne trans qui choisit de transitionner pour enfin habiter son corps
  • Quelqu’un qui reste fidèle à sa foi, quelle qu’elle soit
  • Quelqu’un qui quitte une religion qui ne lui correspond plus
  • Quelqu’un qui n’a jamais eu de foi et s’en porte très bien
  • Ou même quelqu’un qui hésite encore, qui explore, qui doute

Votre parcours vous appartient.

Les esprits mécontents et la justice cosmique

Permettez-moi une petite digression mystique (eh oui, médium oblige). Quand j’ai pensé « les Témoins de Jéhovah, c’est une secte néfaste », j’ai senti une assemblée invisible exprimer un mécontentement pacifique mais ferme. Un sentiment d’injustice. Quand j’ai reconsidéré ma position, ils sont restés tranquilles.

Le message ? Ils se placent du côté de la Lumière, avec leurs bonnes volontés et leurs intentions imparfaites. Comme nous tous, finalement. Comme Floflo avec ses maladresses attachantes. Comme moi avec mes jugements trop rapides.

« Aimez-vous les uns les autres » (oui, c’était clair)

Jésus-Christ l’a dit avec une simplicité désarmante : « Aimez-vous les uns les autres. »

Pas « Aimez-vous les uns les autres sauf ceux qui pensent différemment. »

Pas « Aimez-vous les uns les autres tant qu’ils rentrent dans vos cases. »

Juste : aimez-vous. Point.

C’est quand même fou comme on complique ce qui pourrait être si simple.

Les pensées comme des prouts

Une dernière chose (promis, j’arrête après) : une mauvaise pensée n’est pas une fatalité. C’est comme un proot mental – ça sort, c’est parfois gênant, mais ça passe. L’important, c’est ce qu’on choisit de dire, d’écrire, de graver dans le monde.

J’ai eu un doute sur mon compagnon. C’est humain. Mais ce n’était que de la gelée, pas du sang.

En conclusion

Alors voilà, la leçon du jour (et de cette nuit) :

  • Cessons de tirer des conclusions hâtives sur les gens en fonction de leur parcours religieux, de leur identité de genre, de leur couleur, de leurs choix de vie.
  • Permettons à chacun d’exister selon sa vérité, avec ses maladresses et sa beauté propre.
  • Et surtout, souvenons-nous que derrière chaque étiquette, il y a un humain qui fait de son mieux avec les cartes qu’il a reçues.

La vraie liberté – celle que défend une laïcité bien comprise – c’est celle qui nous permet de coexister dans nos différences sans que personne n’impose son jeu aux autres.

Et ça, mes amis, ça s’appelle l’amour. Tout simplement.

P.S. : Floflo, si tu lis ça, je t’aime, maladresse et tout. Et non, la gelée n’est pas du sang. 💙